Les optimistes vivent plus longtemps
03/10/16
03/10/16
Interview d’Alain Braconnier, psychiatre, auteur du livre Optimiste*
Oui. Une grande étude a suivi pendant trente ans des patients américains et comparé ceux qui avaient un tempérament plutôt optimiste à ceux qui étaient plutôt pessimistes. Les premiers avaient une espérance de vie supérieure de 20 % aux seconds. D’autres études montrent que les optimistes ont moins d’Avc, d’hypertension, de maladies cardiaques. Cela ne veut pas dire que leur optimisme leur évite de développer des maladies,
mais il en retarde la survenue. De même, en cas de cancer grave, l’optimisme ou la combativité peuvent repousser l’échéance d’une rechute.
Certes, nous sommes humains, et, en fonction des événements heureux ou malheureux de la vie, on peut être optimiste ou pessimiste.
Mais, indépendamment de cela, il y a des personnes qui ont l’un ou l’autre trait de caractère tout au long de leur existence, comme on est introverti ou extraverti, timide, chaleureux… L’optimiste est celui qui a une vision positive du futur, qui voit surtout le possible et non l’impossible, qui est dans l’action plutôt que dans la résignation ou l’impuissance, etc. Ces caractéristiques sont pour 25 % d’origine génétique, pour le reste, elles dépendent de l’éducation, de l’histoire de chacun, de la culture aussi. En Amérique du Sud, l’optimisme est plus répandu qu’en Europe, sans corrélation avec le niveau de vie. L’optimisme ne se décrète pas, mais il se travaille.
Il y a des choses simples à faire, s’entourer de gens positifs, c’est important, s’accorder des bons moments pour jouer, rêver, s’amuser – le rire favorise la sécrétion d’endorphines et diminue le stress –, être attentif aux autres, voyager, se faire plaisir, être curieux, s’intéresser à tout…
Par exemple, on sait que faire de la musique, ou du sport pour ceux qui aiment ça, rend optimiste. Il faut essayer de se tourner vers les bons souvenirs plus que vers les regrets et apprendre à reconnaître ce que l’on a fait de bien, ce en quoi on a été efficace, et même, si nécessaire,
d’en dresser régulièrement une liste, plutôt que de toujours ressasser ce qui s’est mal passé.
En quelque sorte. En travaillant sur la représentation qu’on a de soi, on peut acquérir de la confiance et s’autoriser à être soi-même, au lieu d’avoir peur de ce que l’on est et de ce que l’on fait. Quitte à entretenir quelque chose, autant que ce soit ce qu’on a de mieux et de plus agréable. Comme je l’ai déjà dit, il faut être réaliste : ce n’est pas parce qu’on a un tempérament pessimiste qu’on va être malade, il y a bien d’autres raisons au développement d’une maladie, mais la manière qu’on a de voir les choses permet d’être plus ou moins actif, et cela a un effet sur la santé.